Les quatrième du collège se sont mobilisés pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le 10 mai dernier. Théâtre, conférence et exposition se sont succédé tout au long de cette belle journée.
« Alors, on va répéter : quelles sont les six nations amérindiennes de Guyane ? » Evelyne Sagne, présidente et co-fondatrice de l’association culturelle Copena, du nom d’un rebelle guyanais au système esclavagiste, ne ménage pas ses efforts pour partager ses connaissances avec les élèves du collège Lise-Ophion.
« Wayana, Kali’na, Wayampis, Teko, Palikweneh, Lokono. »
Au bout de la troisième fois, les adolescents réussissent à répéter correctement.
« Et maintenant, les peuples bushinengué ?
« Aluku, Djuka, Paamaca et Saamaka ».
Là pas de problème, les élèves connaissent, les peuples qui se sont autolibérés de l’esclavage au Suriname voisin. L’immigration de certains individus en Guyane facilite ce savoir.
De son coté, Evelyne Sagne est venue évoquer les marrons (mot issu de l’espagnol qui signifie fuyard) de Guyane, moins connus et pourtant nombreux.
Dès le début du XVIIIe, les révoltes sont connues de la Guyane notamment sur l’habitation Eugène, sur la Comté. Plus tard, Gabriel qui a constitué un groupe de marrons noirs et amérindiens dans la région de Roura en 1740 et qui durera plus de 20 ans reste dans les mémoires.
Simon, Adome, Jérôme, Copena rentrent aussi dans l’histoire ainsi que les femmes à leurs côtés ou devant eux : Astrid, Zoé, Delphine… Dans le groupe de Pompée, qui se réfugia sur la Montagne de Plomb alors que Napoléon Bonaparte rétablissait l’esclavage en 1802, après l’abolition par la révolution française en 1794, une vingtaine de femmes sont présentes jusqu’à la fin de l’aventure en 1822 après la trahison d’un jeune capturé.
Les noms, les anecdotes se suivent. Ces dernières permettent aux quatrièmes de s’accaparer leur histoire, celle de leur territoire. Les élèves apprécient.
Dans la cour du collège les 4e7 et 4e1 ont réalisé une exposition qui rendent hommage aux révoltés caribéens et sud-américains. Ces hommes et femmes qui ont dit non au système esclavagiste européen et à leur enfermement. La vie dan bwa comme seul salut.
« Vivre libre ou mourir », la phrase de Louis Delgrés, militaire français contre le retour de l’esclavage qui préféra mourir avec sa compagne Solitude plutôt que de se rendre se remarque dans l’enceinte de Lise-Ophion. Un hommage pour cette dame qui elle aussi dans un autre genre refusait l’avenir qu’on lui prédisait. A force de travail, elle s’émancipa et devint un modèle pour les femmes guyanaises.
En début de matinée, les 4e1 avaient ravi leurs camarades par des saynètes sur les révoltes contre l’esclavage. Une manière de se révéler pour certains, un travail d’équipe qui soude encore plus cette classe sympathique et solidaire.
Une belle réussite qui s’inscrit dans les rendez-vous annuels du collège pour nous l’espérons un long moment.